SYLLIADE LA RODEUSE

Qui ne connaît pas encore Sylliade la désinvolte rôdeuse; qui a, par 100 fois, traversée les trois Continents ?!

Quels monstres n'ont pas subis une de ses flêches à fragmentation; judicieusement ciblées sur leur arrière-train (elle appellerait cela un trait d'humour...)?!?

la réputation de cette plantureuse archère aux allures elfiques et cheveux d'or n'est guère plus à prouver et nombre de ses compagnons d'arme la plébiscite pour sa vélocité à décocher une pluie de métal mortel sur les rangs adverses.

si vous ne deviez vous faire escorter que d'une âme valeureuse, elle serait tout naturellement à votre flanc!!

C'est dans un berceau Sylvaris que Sylliade est apparue non loin du refuge de Ventari. Il fut décidé par la tribu Centaure de confier le petit être tombé des Cieux au fleuve qui longeait la côte des Divinités.

L'Ondine, poussée par une brise céleste, emporta en quelques instants à 1000 lieues le coufin aux abbords de la Grande Abbaye d'Ascalon la Magnifique.

Et c'est ainsi que le jeune prêtre Meerac entreprit l'éducation de Sylliade; persuadé que les Dieux avait grand projet pour la petite miraculée !

Les dons d'élocution et ses talents artistiques ont tôt fait de propulser l'insouciante jeune fille dans les hautes sphères.

Valsant entre les courtisannes et les preux défenseurs de la Royauté, Sylliade, dont on disait que sa prestance et ses atours ravissaient tous les regards, conquis sans peine le coeur du jeune mais fougueux prince Rurik.

Altea, la promise du prince, eut alors le coeur brisé devant cette idylle innatendue!

Bien mal avisée, La Matrone d'Altéa envoya un assassin pour tuer dans l'oeuf cette union; et ainsi assurer l'avenir de leur caste.

Au moment où la lame allait transpercer la nuque de Sylliade, le sombre spadassin fut embroché par des pics rocheux acérés sortant de part et d'autres d'un pentacle tellurique. La foudre et les flammes se déchaînaient jusqu'à faire place à une petite silhouette...

Sylliade sentit au plus profond d'elle-même ce lien spécial qui les unirait à jamais avec sa soeur de sang !

Devant l'urgence de la situation, Meerac confia la nouvelle née à son loyal allié le Duc de Barradin. Sylliade n'était plus en sécurité à Ascalon et dû fuir au plus vite.

Sur les sillons de la plaine, les infâmes grawls ont sentis la proie facile. Acculée contre les immenses rocs, la trop jeune aventurière aurait pu voir son sang tapisser les massues des troglodytes; mais encore une fois, une rencontre que rien ne laissait envisager fit pencher Dame Chance sur ses yeux apeurés...

Alain était un bandit de grand chemin qui faisait trembler les hameaux de tout Rin. Pourtant, c'était bien son corps tout entier qui flanchaît devant la tragédie qui allait frapper de plein fouet cette divine muse aux reflets précieux; laissant un fade souvenir tous ces butins du monde qu'il avait pillé !!

Lui, l'impitoyable félon se faisait voler son coeur par une belle inconnue en cavale! Les grawls prirent une telle volée qu'ils cotoyèrent un instant les merles moqueurs!

La peur aux tripes mais exitée par cette tumultueuse échauffourée, Sylliade embrassa son sauveur et sa nouvelle carrière dans le brigandisme dans un même élan!!

L'élève dépassa très vite son maître; aussi bien dans le maniement de l'arc que dans les grivoiseries sur la couche des deux amants.

Tant et si bien que très vite lassée par les larçins puérils et les petites performances du filou, Sylliade tira sa révérence et laissa peneau Alain et ses grognards criblés de flêches sédatives devant l'hôtel du prévôt! (emportant en prime leur trésor bien mal acquis)

Son goût de l'aventure avait pris le dessus et c'est d'un pas léger qu'elle entreprit la traversée des océans.

Des verts vallons de Shing Jea aux insalubres pavés de kaineng, l'exponentielle Mégalopole marchande du continent de Cantha; rien n'échappait à l'intrépide silhouette sylphide.

Les premières lueurs de l'Aurore dardaient déja au dessus des statues des Gardiens de marbre blanc quand vint à son oreille fine et pointue les râles discontinus d'une créature reptilienne. Les paysans s'aprétant à achever ce Naga qui menaçaient leurs galinacés, une flêche fumigène arrêta net leur furie revancharde!

Sylliade sauva de justesse celui que l'on nomme chez les Haruspices : Darkodonee Mauvaise-Foi, le naga maître des Univers tengants !

Le Génie à sang froid et écailles tranchantes expliqua à l'archère intriguée que dans une réalité qui aurait dû se produire, Sylliade aurait dû mourir le jour de son assassinat ainsi que lui-même aurait dû trépasser ce jour même.

Toutefois, sachant manipuler les fils des destins, il a suffit qu'il fasse en sorte que le pentacle s'ouvre au bon moment pour la sauver et faire naître prématurément sa soeur de sang; pour ainsi se faire sauver à son tour.

Cette distorsion du temps n'a pu être possible sans les Miroirs de la Tour d'Ivoire et avec l'aide de son enchanteresse maîtresse; une sorcière issue des tréfonds du Passé...

Malgré tous les bénéfices d'une telle croisée des fils de vie de ces deux êtres si différents, il y avait un prix à payer : celui de mêler leurs deux avenirs.

Alors neuf mois de gestation furent nécéssaires pour que l'oeuf se dévelloppe au sein des entrailles de Sylliade.

Cette progéniture contre-nature qui ne devait être à l'origine que pondue par le Naga au terme de l'éclipse automnale de la deuxième Lune, a elle aussi été sauvée par ce mélange karmique extraordinaire.

C'est au cours de cette période que Sylliade étudia de sa moitié reptilienne les principes fondamentaux de l'Univers; des tenants et aboutissants des guerres multiples qui frapperont de toutes parts les civilisations du Monde Connu; l'anatomie des créatures draconiques et insectoïdes; les techniques d'esquive UNAGI et l'emprise empathique sur les bêtes sauvages...

La lumière de la Connaissance se laissa submergée par l'Ombre chaotique du Temps et les Campagnes perdirent leurs couleurs et leurs beautés contrastées...Alors que les fougères plissaient déja, la deuxième lune étendit son emprise sur les vallées canthiennes, à l'unisson des cris déchirants d'une femme à laquelle la déesse Dwayna arrachait une créature transespèce de son corps scindé en deux morceaux de chair meurtris.

S'en suivit une longue fracture comme si le Monde avait cessé de battre sa mesure; juste cet instant ephémère ou l'esprit de la nouvelle mère fut happé dans les limbes d'un coma infini...

Dans ce trou béant où se jetaient les damnés, Sylliade fut la spectatrice impuissante d'un duel entre deux chevaliers auréolés et armorés de pied en cape; au bord du précipice de Grenth. Deux esprits si féroces que leurs auras bestiales dépassaient l'entendement d'une simple humaine. D'un côté, le poing rugissant d'un dragon remontant le courant; de l'autre les pinces impitoyables du Crabe funeste !

Etait-ce la fin de Tout ?! Détourner le regard aurait été une solution de facilité...Mais Sylliade avait survécue jusqu'à ce jour; et son esprit seul pouvait se libérer de cette inanition; grâce au Maître Naga qui l'avait si bien préparée karmiquement à cet instant crucial !

Elle ne craignait pas ce monde démonique et faisait face à présent au Juge !!! Cet Avatar de Grenth qui pouvait glacer d'effroi, jaugeait à présent cette âme intrigeante qui hésitait sur la frontière qui séparaît mortels et spectres...

La terrible collision qui suivit entre l'Esprit volatile de Sylliade et l'imposante masse nauséabonde du Juge fit jaillir de multiples éclats d'essence spirituelle. Les ondes de choc formaient une mortelle symphonie !!

Dans un ultime effort, Sylliade forma un arc éternel par la pensée et décocha une mirifique flêche qui fragmenta son bourreau d'ébène! Le liquide d'obsidienne qui s'écoulaît de la dépouille sembla prendre conscience de lui-même et inscrivit dans le néant un pentacle plus que familier à Sylliade; qui n'eut plus qu'à s'engouffrer vers cette porte dimentionnelle.

Lorsqu'elle ouvrit ses pesantes paupières, le Grand ritualiste du Monastère prodiguait des soins magiques sur son corps; encore frêle du fait de sa ponte démonique...

Solstice d'Hiver : les fortifications tombent les unes après les autres; les soldats jonchent les cadavres de leurs camarades tombés pour défendre le rempart sud ! Quelques pierres fissurées séparent les jeunes recrues et les vétérans qui auront connus déja trop de guerres des volatiles semi-hommes, ivres de sang.

Le chef du Comando Tengu déploie son aile. Il sent la victoire aux bout de ses serres cruelles. Il aime l'odeur de la peur; celle qui vous noue le ventre quand vous vous savez perdus! Et ce n'est que justice!

Ces pleutres ont déja bien assez profités de leurs territoires volés. Ces sacs de grain reviennent de droit aux Tengus ! Et ces fientes de Mantide n'auront que des coups de katanas à se mettre dans le ventre !!

Son petit monte au créneau!! Il tranche et dépèce en moulinant sa lame avec fierté!! Le petit faucon tient à peine le front mais il veut impressionner son paternel Ailedargent! Au moment où il compte assèner son coups préféré...

...Vingt flêches cloue l'oisillon sur la tenture en lambeaux!!! Ailedargent Père pousse un cri strident quand la lame shinobi fait couler un filer de sang de la gorge du petit Talon.

Devant la quarantaine de rapaces se dessinent deux silhouettes ciselées. Un robuste mais élancé assassin aux yeux rouge braises; sourire narquois à la face. Sa tignasse hérissée fend le vent malgré son bandeau qui cintre son front...Chacun le craint car les meurtres perpétués par Panaku sont légendaires pour leur cruauté autant que pour leur éfficacité. Son épée tient en joue le jeune successeur du seigneur adverse; il suffirait d'un geste d'approbation de sa compagne pour rajouter ce scalp à sa giberne...

A l'opposé de son impétueux partenaire, un calme froid entoure l'aura distincte de la tireuse d'élite. La natte noire longue de trois coudées balaye les cuissardes de plate sombres. Ses iris inspirent la terreur et imposent la limite à ne pas franchir pour les inconscients qui oseraient braver son abîme!

Sylliade réajuste son kimono aux volutes argentées. Elle tient à régler ce conflit en moins de temps qu'il n'en faut pour qu'une fleur de cerisier se dépose sur le charnier.

Ailedargent sent sa position faiblir et ordonne le repli. On sent planer un immense soulagement dans les gorges sérrées des assiegés ! Pourtant ce répis est de courte durée car chacun retient son souffle quand la dame détache son carquois et rentre à nouveau dans le monastère; suivi de près par Panaku qui mauègre quelques jurons contre la retraite des guerriers Tengus.

Un baiser furtif dans le cou de la belle ne suffit pas à la détendre. Il sent qu'elle est brisée par son expérience de l'Au-delà. Qu'importe! Ses courbes généreuses et son talent d'archère lui suffisent amplement. il la laisse car il sait qu'il n'en saura pas plus sur cette porte immense scéllée magiquement contre laquelle elle pleure tout son saoul et ce chaque soir que Dwayna fait et chaque matin que Lyssah défait...

Le grand Maître ritualiste Togo gère le conflit depuis près d'un an. les révoltes et les insurrections civiles entre les ethnies de l'île pèsent sur son front ridé d'inquiétudes justifiées. le Monastère a failli tombé; mais ce n'est pas tant ses fidèles prêtres tombés sous le feu des batailles qui l'effrayent plus que ce qu'on pourrait découvrir sous les ruines de son temple...caché aux yeux des innocents...L'objet de ce pêché maudit !!

La mille-cent-trente-neuvième choppe de bière de chasseur a eue raison du petit corps qui s'éffondre sur la tablée. Les hurlements de la foule huent le nain qui se répend dans sa bile. le bras de fer alcoolisé donne une triste victoire à cette femme qui n'est que l'Ombre d'elle-même. Elle emporte la somme des paris d'un coup de patte hagard et traîne derrière elle son tonnelet fêtiche.

La grille de la taverne s'illumine d'un flash aveuglant. Les nains se turent comme d'un seul (petit) homme. Les adeptes de la secte des LOVE s'avancent. Ils affichent un sourire en toute circonstance; mais aujourd'hui il y a matière à montrer les dents : elle est là! Ils retournent sans mal le déchêt humain que seuls les cheveux crasseux peuvent encore faire deviner sa forme féminine. ils retirent ses guenilles pour laisser son dos visible aux yeux de leur déesse incarnée sur Terre.

Lina Spiritboom déchiffre en silence le pentacle gravé sur le dos nu par l'encre d'Obsidienne. Elle esquisse un ordre d'un signe de tête et les prêtres figés embarquent les restes de Sylliade.

Plusieurs semaines à l'Opium sacré ont raison de la volonté suicidaire de la rôdeuse déchue. Les bains de Lumière divine récussitent ses liaisons neuronales; les prières des 666 adeptes LOVE insufflent la Paix en quantité cosmique dans le coeur de la Maudite.

En quelques mois, Sylliade monte les échelons et devient une Grande Prêtresse hors norme. et même si la paix et l'amour sont les deux forceps de la Secte, les ambitions des officiers les incitent à provoquer un putch contre cette arriviste de Sylliade.

S'en suit un carnage sans précédent...Les prêtres amorphes gorgés d'amour et d'opium ne montrent que peu de résistance face à l'assault de la virulente guerrière.
Son arsenal de lames va de pair avec ce rempart que compose ses boucliers. Les 666 adeptes passent de vie à trépas innondant les atriums d'une orgie de sang.

Anthéa n'a que ce but chevillé au corp : retrouver sa soeur Sylliade ! Elle fait face au dernier barrage qui la sépare d'elle : Lina Spiritboom revient de son voyage stéllaire dans les plans celestes. Anthea n'est qu'une brindille que son épée divine briserait si facilement...Mais elle laisse impassible les soeurs se retirer; car elle sait combien ces deux héroines seront vitales pour l'avenir de la Tyrie. La sorcière lui à fait miroiter les méandres des destinées et elle n'a pas le choix que de voir partir l'élue de son coeur...

Les étincelles fusent sur les dolmens. Si les granites gardent en mémoire les combats des Golems par les multiples fissures ornant leurs carapaces, ils ne sauront dissimuler la violence des coups de hache assénés si maladroitement. Les bestials Charrs écument leurs rages de ne pouvoir ne serait-ce qu'éfleurer ces virevoltantes lumières dorées.

Deux tranchantes entailles au plexus en V...Un avant-bras qui trahit son poil rougissant par la plaie béante laissée par le fer du sabre...La moitié d'un crâne fauché dont le seul iris dilaté par la clarté de la Lune pleine fait rejaillir la surprise de l'animal qui a si mal jaugé la vitesse de son adversaire... Anthéa ne laisse aucune ouverture.

Les autres recrues de l'escouade Ebon sont pétrifiés. Elles n'étaient pas préparées à s'opposer à ces Charrs si loin de leurs territoires brûlants. Peu accoutumés à la quintessence du maniement de l'épée en combat réel, ils restent encore subjugés par la domination de leur capitaine.

Soudain, la terreur change rapidement de camps. Le dernier Homme-bête hésite, puis détale d'une course désordonnée dans les tréfonds de l'épaisse forêt. Anthéa donne des ordres rapides à sa bleusaille. Des pièges seront rapidement confectionnés par les plus hardis pour protéger leurs positions. Ce qui permet à l'escrimeuse de pourchasser le fauve en déroute.

Quelques fourrés suffisent à faire ralentir sa marche; Anthéa connaît sa destination. Elle a vu juste : l'orée de la clairière dévoile sur les pierres humides la dépouille de sa proie. La flêche éffilée offrait une nouvelle corne à son hôte, bien logée au milieu de son front rouquin. Plus loin, les filets d'eaux claires de la cascade profilaient les contours satinés d'une peau d'albâtre. En position du lotus, les yeux fermés, la blondeur éffacée de sa chevelure collée à son dos nu : rien ne pouvait déceler l'action implacable de la Nayade.

Rares sont les femmes en Tyrie qui peuvent distinguer la raisonnance d'une corde d'arc. Encore plus rares sont celles qui parviennent à sentir les battements irréguliers du coeur de leurs soeurs. Anthéa fronce les sourcils et la veine de sa tempe s'étend à l'instar du sourire de Sylliade.
La guerrière entame un sermon sonor contre son ainée d'où sortent pêle-mêle les pires fautes qu'une classe militaire ne peut supporter. Absentéisme, refus d'obtempérer, chansons paillardes sur l'imbécilité des hauts gradés, pillage de la cave du Roy Adelbern...

Lorsqu'Anthéa rengaine sa lame dans son fourreau et sa parole autoritaire, elle vient serrer contre son coeur cette femme devenue tellement paisible et qui lui a tant manquée. Son ettonnement fut si grand quand elle compris en entrouvant ses yeux bleus qu'elle avait fait beaucoup plus qu'achever son fuyard : vingt-quatre Charrs pendouillaient sur les hautes branches d'un arbre Mana, ficelés dans des filins tranchants et plantés à foison de carreaux d'arbalète !!

Les vigies annoncent le retour de la garnison; le pont-levis s'abaisse. Fort ranik est en ébullition et les écuyers s'affairent sur les Paladins fourbus par leurs campagnes contre les montagnards rebelles. Stephan, le colosse armoré, s'empresse avec ses camarades de guerre d'atteindre au plus vite le centre d'entraînement.
En effet, bien qu'exténués, ils ne voudraient en rien manquer le kata des élites de leur armée. Devant leur mines amoureuses, les jeunes femmes tant convoîtées esquissent leurs gestuelles martiales.

Sur la gauche, la nordique Anthéa fend l'air de ses poings de fer. Au centre, Devona fait tournoyer sa lourde masse. A droite, Ralena Tempête offre un spectacle pyrotechnique impressionant. Et au fond de la salle, bien après les padawans sagement observateurs agenouillés en bordure du cercle de combat, Guylian empile les coupelles de vin en feuilletant les gravures des chevailers déssapés des côtes d'Alessio...
Le peu d'enthousiasme de cette rousse incandescente à exercer, sa manière de nettoyer ses lorgnons sur la tenue d'apparat du maître d'arme, son rire insupportable qui rompe toute concentration...C'en est trop! Les élèves se jettent sur Guylian pour la sortir du cours...en vain!

La sculpturale pinbêche aux allures d'intello saoulée esquive et pare avec des gestes simplissimes. Comble de l'humiliation, elle ne lâche pas son grimmoire en sautant par dessus leurs corps endurcis. Elle reboît une lampée d'alcool tout en poussant leurs fessiers de sa plante de pied! Elle court sur les murets et ejecte contre leurs faces frustrées leurs propres tatanes en bois! Elle les force à s'empêtrer, puis se coincer entre les bords de l'entrée principale du Dojo.
Guylian expulsée d'elle-même dans la grand-cour se fait stopper par la stature emblêmatique du Duc de Barradyn. Il la toise d'un air sévère mais amusé.

Ni les soldats, ni les Padawans ne comprennent les entrevues complices de ces deux là que tout oppose. Le héro de jadis raccompagne sans aucune remontrance l'intrigeante rousse à ses appartements sous l'oeil concerné d'Anthéa...
Les lunettes se déchaussent du nez mutin. La perruque vient rejoindre les frusques usées de l'aventurière. Elle démaquille ces rougeurs sensuelles qui n'ont couvertes que très recemment ses pommettes saillantes. Elle ne se lasse pas de faire enrager ses petits camarades. Son sourire devrait trahir des ridules que la maturité façonne aux femmes qui ont tant vécues. pourtant son corps comme son ovale sont ceux d'une midinette. Sylliade retire lentement son collier à pointes et, comme à son plus grand déplaisir, observe longuement les empreintes de canines poinçonnées dans son vierge cou...

Loup du Rivage était un passionné. Il n'admirait rien tant que la Nature qui s'exprimait à travers les créatures qui foulaient les terres arborées de son territoire. Pourtant, ses sens aiguisés ne furent jamais autant en alerte quand cette prison montée sur roues dévala les collines d'Ashford !
Accrochée aux barreaux, une furie blonde hurlait son état de manque. L'éclaireur ne fût pas tant attiré par la virulence des cris stridents que par leurs conséquences étranges. Dans son périmètre sonor, l'aura de cette fille enclenchait un processus divin de pousse extrême des végétaux !
Lierres et lianes progressaient autour du carosse de manière surnaturelle. Loup du Rivage a très vite saisi l'interêt qu'il aurait à s'aproprier ce phénomène. Dans un éclair de réflexe, il sorti son arc du Zodiaque et mitrailla les jointures. Les pièces de bois se répendirent au sol et Anthéa fut désarçonnée à l'impact explosif de la flêche qui lui était destinée!

Libérée de sa cellule, Sylliade était devenue une telle bête sauvage...L'opium cendré quittant son réceptacle la rendait complêtement incontrôlable. Les Ondes de sa voix déchiraient peu à peu les cuirs qui composaient l'armure de Loup du rivage. L'emprise de ce dernier sur la sauvageonne fut radical. Le Charme Animal la rendit docile comme une louve à son chef de meute...

Avant de perdre connaissance, Anthéa vit sa précieuse soeur se perdre à nouveau sous le joug de ce Lycan.

Les Bas-fonds d'Ascalon regorgent de plaisirs illicites. Une populace assourdissante vient s'y avilir jusqu'à perdre les notions de Temps, d'argent et de raison... Il est parfois des évènementiels qui ressortent de cette Cour des Miracles; de ceux qui marquent les mémoires de malfrats. Aujourd'hui, ce sont les rixes de Monstres féroces qui mettent en ébullition les parieurs de tout poil !!

Le Saurus trépigne ses imposantes pattes avant sa lourde charge. Le titan de feu frappe rageusement le sol de l'Arène. Une myriade de scarabés et de dévoreurs crissent. Le Golem de Chair salive en abondance...Juste avant que retentisse le Gong qui devait sonner le début du carnage, un dernier invité importun annonce son challenger. Le Lycan balance sa créature du haut des gradins. l'assemblée de spectateurs semble ahurie de voir cette femelle chancelante se relever avec difficulté, le crâne dans ses mains chlorophyles.

Le collier à pointe retient cette femme plantureuse. Son corps lourd est hérissé d'épines jusqu'au bout de son appendice codal; lequel s'achève en un bourgeon fushia. Des lianes tentaculaires recouvrent deux orbites luminescentes. Les ailerons arboricoles se meuvent lentement comme pour prendre possession de leur environnement...

Le gros mort-vivant prend les devants. Il tente de frapper la mutante qui s'enroule immédiatement autour de son bras cornu. un coup vrillant du bourgeon traverse la carotide, offrant une fontaine de sang. Il n'en faut pas plus pour que les insectes se ruent sur le tas de chair sanguinolant. L'elfique plante fuse dans une envolée rapide vers sa nouvelle cible, agitant nerveusement ses ailerons. Un rayon prismatique découpe littéralement la carcasse d'acier du dinosaure. Les yeux encore enflammés sondent le plus terrible des opposants. Le titan invoque des jets de lave à tour de bras; grillant la majeure partie des insectoides distraits. Il ralentit, s'imobilise. Les spores diffusés par l'orchidée, éclose d'une queue verdâtre, le paralyse petit à petit. La mortelle Mutante tourne sur elle-même en une tornade cinglante. Ces lianes qui s'apparentent tellement à des épaisses dreadlocks se solidifient et scient la coque rocheuse. Un piège de racines finis de lacérer les deux moitiés du Titan.

Un mélange d'effroi, d'admiration et de colère (pour leurs paris perdus) s'empare du public. Loup du Rivage s'est encore une fois distingué par ce coup de maître de dernière minute... Quelques magnas tentent bien d'acheter à la levée son incroyable bète démoniaque. Mais le Garou empoche sa mise quadruplée; puis rattache à une solide chaîne l'impitoyable gagnante.
A présent aussi tremblante qu'au début du combat des monstres, elle suit son géôlier cachant sa face dans ses paumes éfeuillées...

L'Orbe de verre emplit la moitié de la tanière. Il faut avouer que cette serre artificielle assemblée par magie en impose. Et si Loup du rivage la soigne tant, c'est que cet incubateur a permi de façonner à son bon vouloir sa meilleure esclave.

Il observe, entièrement nu, non sans une malice perverse, Sylliade qui perd les dernières parcelles d'humanité qui composaient son âme. Ces pouvoirs divins invraissemblables gorgeaient les racines sylvaines, engendrant la métamorphose finale.

Son sixième sens s'affole soudainement. Quelle est cette sensation malsaine qui l'étouffe ?!
Une voix doucement tyranique lui demande si de tels actes peuvent le rendre fièr. Pris de panique, Loup du rivage dégaine son arc du Zodiaque. Il ne sait que viser car de multiples visages féminins, tous identiques, se reflêtent dans le verre de la grosse prison sphérique. Chacune des innombrables bouches font raisonner dans sa cervelle des pourquois atroces ! La douleur intense le met à terre. Il aboît qu'il va la saigner; qui qu'elle fût ! Mais sa transe ne présage aucun doute sur qui détient l'ascendant sur l'autre.

Les reflets se rejoignent et de la couche ovoïde sort l'assaillante sorcière. Elle se retourne pour juger de l'état de la captive. Le lycan s'envenime de la présence de l'intruse et s'aprête à trouer sa robe sombre étoilée. Il croit devenir fou quand sa flêche la traverse sans pour autant la blesser pour finalement briser sa précieuse couveuse.

Sylliade n'est libérée que physiquement et son vague regard en dit long sur son endoctrinement. La Grande enchanteresse brise ses scéllés psychiques d'un claquement de doigt. Après tout, cette entorse à sa destinée ne pouvait plus avant exister. Sylliade arrache l'arc des griffes de son ancien maître. Elle sent encore sur son cou les morsures vives des crocs du Garou quand il l'a possedait, corps et âme. Ses doigts épineux empoignent sêchement les gonades du Lycan; et après lui avoir retirer sa première arme,...lui retira sa deuxième arme !!!

L'agonie gore qui en suivit fût des plus pénibles pour Assera qui trouvaît ce triste spectacle d'une vulgarité sans nom; mais la sévère illusioniste s'amusa tout de même de ce châtiment ô combien approprié à un crîme de cet ampleur fait à une élue Orichalque. Un rayon prismatique balaya l'antre de l'esclavagiste qui disparût rapidement sous le brasier intense.

Il fût naturellement temps de s'éclipser, et Assera dessina une porte dimentionnelle dans laquelle s'engoufrêrent la sauveuse et la sauvée...

Il fallaît réagir vite : la trop longue expansion des gènes sylvaris mutés par les cellules divines LOVE allaient finir de rendre Sylliade monstrueuse. Extraire ces marques si puissantes dépassaient de loin les huit siècles de connaissance de l'érudite Assera. Mais la blanche sorcière était une médiatrice reconnue entre les divers Plans Elementaires; qu'ils soient terrestres, divins ou démoniques...

Chacun en ce monde connaît le Nom des Cinq Dieux qui régissent les Lois de l'Univers. Balthazar est l'essence même de la Guerre et des forces des flammes terrestres. Dwayna dans son infinie mensuétude porte et génère la Vie. Lyssah inspire les coeurs et brouille les esprits. Grenth veille et venge les défunts. Enfin, Mélandru se retrouve dans chaque être vivants dans la Nature.

Nul n'est à même de cotoyer ces Puissances Célestes; toutefois il existe des représentations spirituelles de leurs domaines respectifs. On les nomme les Avatars des Dieux.
La longévité d'Assera lui a permis de tisser des liens solides avec certains de ces avatars; et elle comptait bien rappeler à son bon souvenir celui qui était le mieux placé pour apréhender sa délicate problêmatique.

Le plus ancien des Avatars, enraçinné sur le territoire de Mélandru le Dieu de la Nature, est par essence même divin. Cet arbre Mana gigantesque qui s'anime d'une extrême lenteur, et qui surplombe de son ample écorce la grande Forêt impénétrable du peuple Kurzik, située au sud du continent canthien! Sa phénoménale barbe de mousse se traîne jusqu'aux monticules de terre, zébrés par sa massue minérale de cristal. Il adopte une majestueuse forme de cervidé reconnaissable aux bois démesurés parsemant sa longue échine. Au coeur de son poitrail de chêne et de hêtre entrelaçés ainsi que sur ces grands membres touffus, des graines Mana bleutées irradient d'une magie infinie.

Tout autour de lui sifflent des petits êtres sylvains, perchés dans les cimes. leurs gros yeux opaques sur leurs fantomatiques envelloppes apparaissent et s'évanouissent à leur gré. les cliquetis que font leurs têtes raisonnent à l'unisson; en signe de respect pour leur divinité supérieure...YGGDRASYL !

A l'approche de la Dominante et de la Décadente, Yggdrazyl tréfouille machinalement l'épaisse tonsure qui pend à sa machoire craquelée. Ses yeux tréssautent d'étonnement devant cette minuscule bizzarerie de Dame Nature qui accompagne son alliée de toujours. Plusieurs heures passent avant que son discours élaboré ne franchisse ses lèvres cornées.
Le colosse sylvain purifiera cette chimère; toutefois pas sans une contrepartie. C'était une évidence car toute manifestation divine se voit gratifiée d'une offrande à sa mesure. Assera sait combien cela lui coûtera de nettoyer l'immense arbre mana de tous ses parasites qui provoquent chez Yggdrasyl d'insuportables démangeaisons. Bien que ce ne soit pas une tâche trop ardue, elle n'en est pas moins ingrâte pour une envoûteuse de sa catégorie et de sa prestance !!
Ainsi fut fait! Les milliards d'insectes durent fuir leurs habitat magique et le corps de Sylliade fut tartinné de miel et ingurgité par l'Avatar; mâché puis recraché !!

Munie d'un corps tout neuf, Sylliade se sentait à nouveau connectée avec les Flux naturels de Mana. Les volutes d'obsidienne dans son dos s'étaient modifiées en harmonies de cyan et de jade; les flots de drogues d'amour s'étaient dissipées de ses veines; les marques extérieures sylvaris furent remplacées par une parfaite envelloppe humaine charnelle.... Seul sur son ventre plat se distinguait de sa peau blanche une graine bleue de Mana. Sa longue chevelure blonde avait elle aussi regagnée toute sa vitalité et sa dorure d'autrefois, telle une Eve sortie de l'Eden immaculé... Enfin, de merveilleux opales verts soulignaient son regard apaisé; où si l'on s'attardait à plonger au fond; l'on pourrait entraperçevoir d'infinitésimales glyphes divines tournoyantes...

De retour du voyage dimentionnel, Sylliade remercia cette étrange sorcière qui lui offrit cette seconde chance. Grâce à Assera, elle ne sera plus jamais dominée par quiconque sur terre et dans les cieux ! Elle inspire une grande bouffée d'oxygène; c'est comme si elle voyait tout, beaucoup plus transparent que le verre qui l'enfermait auparavent.

Absorbée par sa rêverie, Sylliade n'eut pas le temps de réagir à la morsure violente qui aggrippa sa nuque blanche. Aux bouts de ces canines cruelles s'éssouflait une masse noire difforme. Pourtant méconnaissable, elle reconnut l'agressivité de son ancien bourreau : le lycan oenuque avait survécu aux flammes de son enfer et, tapis à l'orée du bois pour panser ses plaies tant bien que mal, il accouru vers la lumière émanée par la porte dimensionnelle.
Assera fut pétrifiée...non pas par Sylliade ballante telle une marionnette sordide maintenue par la gueule du Loup; mais surtout par la tenacité de ce dernier à se venger de sa rebelle détenue.

La machoire vengeresse aurait du arracher les cervicales de Sylliade. Encore une fois où il croyait la tenir, il ne s'enfonça que de quelques centimètres dans la chair limpide. Puis la résistance de l'armure celeste livrée par l'Avatar remplit son devoir et détourna l'agression vivement. En un éclair de lucidité, Sylliade se retourna par trois fois dans les airs sur elle même; comme elle l'eut apprise lorsqu'elle était encore mutante. Elle arma son bras de l'arc du Zodiaque qu'elle avait prise à son ennemi brûlé. Avant de la décocher, Sylliade envoya un furtif baiser mortel à cette flêche spéciale confectionnée par ses soins juste après sa renaissance : à la place de la tête accérée s'érigeait ce bourgeon fushia splendide, dernier vestige du monstre créé par Loup du Rivage.

Assera plissa les yeux devant ce fabuleux tir; des ondes magiques tourbillonnaient autour de l'impact quand cellui-ci percuta de plein fouet le sternum du lycan. La vrille dévorant les entrailles du Garou brisa dans l'action sa colonne vertébrale pour faire éclore le bourgeon perforant en magnifique orchidée sanglante. Le corps déja carbonnisé de la Bête se dissémina en une bruine de cendres.

La sorcière retenu un soupir. Sylliade souriait, à peine affectée par cette ultime agression. Libérée de toute chaînes, elle prendrait sa vie en main...

Les beaux quartiers bourgeois d'Ascalon sont très prisées des courtisannes. Les parfums d'épices, les parures de bijoux et les échoppes offrant une multitude de tissus satinés...autant de charmantes convoîtises qui confirment à leurs suivantes qu'elles vont porter grand nombre de paquets pour Milady Altéa.

Cette dernière était toute à son affaire à choisir parmi toutes les coiffes chatôyantes exposées sur la devanture de chez Grieffen-chapeliers-de-père-en-fils-depuis-cent-cinquante-sept-décennies...Au jour de grand marché, rien d'étonnant que la place soit bondée de camelots en tout genre. mais au milieu de leur cacophonie, Altéa fût stoppée dans ses essayages entre une ombrelle fleurie et un pourpoint ocre d'Elona par une mélodie qui lui fit l'effet d'un coup de tonerre : la ballade du phoenix Arc-en-Ciel !! La comptine aux accords impossibles à jouer au Luth sauf...sauf pour son ancienne rivale; celle qui faillit lui ravir son chevalier servant.

Althéa se précipite à travers la foule mais les badauds forment un rempart à sa curiosité piquée au vif. Quand ils viennent à reconnaître leur future Reine, tous s'écartent pour lui faire un passage jusqu'à la fontaîne où la musicienne parcoure les cordes de sa mandoline de ses doigts agiles. La promise du prince a le coeur froissé d'émotions, tiraillées entre ses souvenirs mélancoliques et la réalité impénétrable.Devant elle, rien ne correspond à ce fantôme surgit du passé : une binoclarde rouquine aux yeux insolents, attiffée de haillons élimés et pour seul préciosité une jolie pierre bleue ornant son nombril...et si jeune...Impossible de reconnaître en cette enfant la douce courtisanne Sylliade qu'elle connaissaît.